· 

Les hommes violents objet d’un colloque à Montpellier

La question de la prise en charge des auteurs ne peut pas se départir de la question de la protection des victimes. On prend en charge les auteurs pour mieux protéger les victimes », insiste Véronique Tirode, directrice générale de l’AERS (Association d’entraide et de reclassement social), implantée dans l’Hérault. Or « pendant longtemps, cette question était peu abordée, même si des structures existaient déjà ».

Le Grenelle des violences conjugales, en septembre 2019, a fait évoluer les choses en impulsant la création des Centres de prise en charge des auteurs (CPCA). Aujourd’hui 30 de ces structures maillent le territoire français, dont le CPCA Sud Occitanie porté par l’AERS, qui a fait partie de la première vague des appels à projets.

 

Ouvert au premier semestre 2021, il déploie ses missions sur cinq départements, dans lesquels il possède des antennes : l’AERS et Via Voltaire dans l’Hérault, La Clède dans le Gard, l’Udaf dans l’Aude, l’Apex dans les Pyrénées-Orientales et La Traverse en Lozère. « Ces associations étaient déjà toutes reconnues sur leur prise en charge des auteurs, mais le CPCA renforce ce type de prise en charge, met les différents acteurs du territoire en réseau. Et joue également un rôle d’orientation, car c’est aussi un numéro de téléphone dédié, des plaquettes, un site internet... Les auteurs peuvent nous contacter et en fonction de leur lieu de vie ou/et de leur besoin, on est susceptible de les renvoyer vers telle ou telle antenne », explique Véronique Tirode.

 

L’immense majorité des 1 200 personnes orientées vers le CPCA Sud Occitanie en 2021 l’ont été par des services judiciaires, mais certaines font la démarche de leur propre initiative. Une tendance encore timide que la structure travaille à accentuer.

Dans le cadre de leur prise en charge, les auteurs se voient proposer différents dispositifs : des groupes de parole, des entretiens à visée thérapeutique individuelle mais également des stages de responsabilisation ou, plus récemment, des ateliers traitant de la gestion des émotions, à dimension plus préventive.

Un débat ouvert au grand public en début de soirée

C’est cette question des actions menées en France mais aussi au Canada – en avance sur nous en la matière – qui sera notamment abordée dans le cadre du colloque organisé par le CPCA Sud Occitanie le 30 janvier à la salle Rabelais*, à Montpellier. Destinée à apporter aux professionnels des clés sur la prise en charge des auteurs, la journée affiche déjà complet. « On a été surpris que cette demande soit aussi forte. Et on a un panel de professionnels très large : travailleurs sociaux, psychologues, sages-femmes, intervenants en puériculture et PMI, magistrats, policiers, avocats, beaucoup de soignants aussi... », liste Véronique Tirode.

 

Il faut dire que le casting des intervenants est de grande qualité : Liliane Daligand, professeure émérite de médecine légale (faculté de médecine de Lyon), psychiatre et experte de justice, ouvrira les témoignages de pratiques sur le thème de l’emprise. Raphaël Balland, procureur de la République au tribunal judiciaire de Béziers, traitera des addictions. Valérie Roy, maître de conférences à l’université de Laval (Québec), abordera la responsabilisation des auteurs de violences conjugales. Il sera question des différents profils de ces auteurs avec Jean-Martin Deslauriers, maître de conférences à l’université d’Ottawa (Ontario), spécialiste des masculinités. Enfin Elisabeth Perry, psychologue clinicienne et directrice du CPCA Grand Est Nancy, posera la question de l’obligation et du volontariat.

À noter que de 19h30 à 21h, le grand public est invité à débattre de cette prise en charge des auteurs de violences conjugales autour de la projection de courts-métrages : un micro-trottoir réalisé par l’INA en 1975, les capsules des actions menées auprès des auteurs de violences conjugales ainsi que le court-métrage Tom et Léna, de Johanna Bedeau (entrée libre).

* 27 boulevard Sarrail.

Elisabeth Perry interviendra durant l'atelier "De l’Obligation à la Démarche volontaire ?" à partir de 15h10.
- L’accès au soin, y compris par le biais d’une obligation, produit des effets bénéfiques, quand la personne auteur laisse le thérapeute mobiliser chez elle la partie qui aspire à une vie meilleure et se soucie de ses proches, pour leur éviter des souffrances. Elisabeth Perry partagera avec nous les expériences thérapeutiques originales réalisées par l’association Terre à Vivre.

Pour accéder aux interventions du Colloque
https://www.cpca-sud-occitanie.org/les-presentations-coloque-2023/

Télécharger
Intervention Elisabeth Perry au colloque du 30/01/2023 organisé par le CPCA Sud Occitanie et animé par Christophe Ruaults
De l'obligation à l'engagement dans le s
Document Adobe Acrobat 2.6 MB